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Le blog d'un étudiant en gestion de l'information et de la connaissance

Différence entre le savoir et l'information. Le savoir est-il un bien collectif ?

Guy Pelachaud définit le savoir comme "un bien collectif, qui fonde le progrès de l'humanité", et "qui ne peut être accumulé qu’à condition d’être transmis". Il associe le savoir en tant que bien collectif à la nécessité de la transmission. Le savoir fait partie d'un patrimoine culturel qui se partage démocratiquement, sans contrainte de temps, de lieu ni d'argent, du moment où il est accessible à tous. Aujourd'hui, les bibliothèques de lecture publique et l'immense bibliothèque que représente le réseau Internet sont les temples du savoir à condition de bâtir une "architecture des connaissances" et de former les peuples à l'utilisation des techniques, notamment la recherche documentaire. Le savoir serait alors un ensemble organisé d'informations, de connaissances qu'il faut apprendre à utiliser.
    Selon Paul David et Dominique Foray, «  l’information, en revanche, est un ensemble de données, structurées et formatées, mais inertes et inactives tant qu’elles ne sont pas utilisées par ceux qui ont la connaissance pour les interpréter et les manipuler ». Le savoir est donc un bien collectif à condition de l'acquérir, de le constituer et de donner les moyens aux peuples d'y accéder, contrairement à l'information qui est un message en direction d'un destinataire. L'information est ainsi l'appropriation subjective, individuelle d'un message reçu, c'est seulement quand il est structuré en connaissance ou en savoir qu'il peut se transmettre par des moyens mécaniques. Ce savoir, qui fonde le progrès de l'humanité, est l'expression d'une diversité culturelle qui répond aux missions des services multiculturels des bibliothèques. Ainsi le Manifeste de l'Unesco sur les bibliothèques publiques "proclame sa conviction que la bibliothèque publique est une force vivante au service de l'éducation, de la culture et de l'information et un moyen essentiel d'élever dans les esprits les défenses de la paix et de contribuer au progrès spirituel de l'humanité".
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    Cependant, dire que le savoir n'est qu'un bien collectif accessible à tous, est utopique et décontextualisé des inégalités individuelles et sociales et des réalités économiques de nos sociétés fondées sur la performance et la compétition.
    Certains critères empêchent ainsi l'universalité du savoir comme bien collectif et freinent sa transmission. Dans certaines cultures, le savoir se transmet oralement a contrario des pays occidentaux qui ont développé une culture du document. Par ailleurs, la religion est bien souvent très présente et se place comme une entrave aux libertés, aux progrès de la société et à l’épanouissement de l’individu. Enfin, les problèmes d'analphabétisme et d'illettrisme rendent l'accès au savoir inégal selon les individus.
    On peut ensuite se demander comment accéder à la culture, au savoir si les moyens collectifs de transmission ne sont pas développés. Nous avons vu que dans la société de l'information, les modes d'accès au savoir étaient liés au développement industriel des sociétés. Dans ce cas précis, c'est la "révolution numérique" qui devient la condition essentielle d'accès à l'information et au patrimoine culturel. Les Technologies de l' Information et de la Communication (TIC) sont donc un enjeu capital pour bâtir l' architecture du savoir, avec une double objectivité de compétitivité scientifique et de valeurs démocratiques de liberté, éducation, de culture pour les peuples. Ainsi, l'enjeu des TIC dans la transmission de la connaissance n'est pas organisé et traité de la même manière dans les pays industrialisés que dans les pays du Sud, la fracture numérique est un frein au développement des savoirs et de l'information. En effet, le sous-équipement en informatique et l'insuffisance des accès au réseau Internet ainsi que le monopole des Etats-Unis en tant que plaque tournante des télécommunications mondiales sont des facteurs qui creusent un écart avec les pays industrialisés où Internet devient la source principale d'accès à l'information.


    Par ailleurs, la conception du savoir en tant que bien collectif se heurte aux réalités de notre société. Les services des bibliothèques sont en principe gratuits, seul le droit de prêt est payant. De plus, l'accès à Internet se démocratise et peut être compris comme un service gratuit par les institutions comme les bibliothèque publiques. Mais ce bien collectif, acquis par nos sociétés industrialisées, a tendance à devenir une valeur marchande, un enjeu économique et commercial. L'accès à la connaissance a un coût. On le voit par exemple par l'augmentation des prix des abonnements aux périodiques électroniques et bases de données par les éditeurs et producteurs d'informations, qui a nécessité la création par un réseau de bibliothécaires universitaires, d'un consortium universitaire pour les périodiques numériques (COUPERIN). Ce consortium permet de négocier, avec les éditeurs et les fournisseurs d'accès à l'information des prix avantageux pour l'acquisition de périodiques électroniques en bouquets de services. Les bibliothèques vont-elle continuer à donner accès au savoir gratuitement ou à moindre coût ? Partout, les services d'informations qui étaient gratuits ont tendance à devenir payants, le service de renseignement par téléphone, les services Internet d'accès au patrimoine informationnel comme les articles des revues scientifiques, les articles journalistiques, les données statistiques... sont devenus un enjeu commercial pour des entreprises. Dans ce cas précis, l'accès au savoir devient synonyme de bien individuel, d'acquisition personnelle, où l'on paye pour accéder à la connaissance. Le savoir est donc ainsi un bien marchand qui favorise les inégalités individuelles, sociales, culturelles. La menace qui pèse est donc celle d'une logique économique qui vient prendre la place d'une logique de connaissance. En effet, dans tous les cas, la difficulté réside dans les conflits possibles entre les logiques de l’entreprise privée (où la nouvelle connaissance est contrôlée de façon exclusive) et les logiques de ces communautés de connaissance dont l’essence réside dans le partage du savoir. Cette inégalité financière est un premier obstacle à la démocratisation du savoir.
    D'autres problèmes s'opposent au savoir collectif, d'ordre juridique : « de plus en plus de droits de propriété intellectuelle interdisent l’accès à ces connaissances dans des domaines qui étaient restés jusque-là préservés (la recherche fondamentale, les logiciels)... On limite ainsi le progrès collectif du savoir en empêchant que celui-ci passe de main en main, qu’il soit enrichi, commenté et recombiné par d’autres. » Des solutions peuvent néanmoins être apportées par une nouvelle économie du libre accès, avec les auto-publications et les auto-archivages des articles de la recherche en utilisant les technologies du Web 2.0 ou le mouvement des archives ouvertes.

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