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Le blog d'un étudiant en gestion de l'information et de la connaissance

Petite réflexion sur l'utilisation d'une banque d'images et les difficultés liées à l'indexation des images

Si une image est d'abord un support matériel reproductible ou non qui peut se diffuser sous  forme de  peinture ou de dessin, d'affiche ou de photographie, de film ou de clip vidéo, c'est aussi une représentation visuelle et mentale de l'accès à la connaissance. Depuis la récente évolution liée aux développement des technologies de l'information et de la communication et avec les nouvelles applications du réseau Internet, les images sont omniprésentes, et passent d'une fonction illustrative et secondaire par rapport au texte à une fonction dominante, où elles deviennent elles-mêmes signes. Par conséquent, une banque d'images, que l'on peut définir comme une banque de données regroupant de plusieurs milliers à plusieurs centaines de milliers de photographies, d’images ou d’illustrations, devient un véritable outil de connaissance. Une banque d'image se distingue en effet d'une agence commerciale, car le stockage et la propagation des images remplissent des fonctions spécifiques en répondant à des nécessités éducatives, culturelles et économiques. Si Internet a permis une diffusion et un échange rapide d'images entre les utilisateurs, une banalisation de l'image accessible et partageable par tous, comment l'utilisateur personnel ou le professionnel procède-t-il pour se procurer des images, être dans une légalité juridique et se réapproprier l'image en la remettant au cœur des apprentissages et de la connaissance ? Dans un premier temps, nous allons définir les spécificités d'utilisation d'une banque d'images dans ses fonctions économiques et pédagogiques ; Puis nous envisagerons la nécessité pour les professionnels de construire des accès afin d'identifier et de localiser les banques d'images. Enfin, nous nous poserons la question de la difficulté du travail d'indexation, de description analytique d'une image par le professionnel de la documentation iconographique.

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    En ce qui concerne les spécificités d'utilisation des banques d'images, rappelons l'importance de la communication visuelle dans l'entreprise, et le développement de l'utilisation de l'image dans les pratiques professionnelles. Le recours aux  images dans la publicité et le marketing ont bouleversé les comportements face au consommateur. L'entreprise travaille par exemple son image de marque, c'est-à-dire la définition d'une unité graphique, visuelle et ergonomique qui représente une valeur essentielle de la communication en entreprise. Sachant que selon Confucius "une image vaut mille mots", les messages informationnels accordent davantage la primauté à l'image.
    L'utilisation d'une banque d'images à caractère illustratif donne ainsi la possibilité à un professionnel de l'infographie, de la communication, de la publicité ou du marketing de disposer d'images pour les magazines, les journaux, les brochures, les sites Internet, les emballages et les supports médiatiques, décoratifs, publicitaires, sans être obligé de louer les services d'un photographe professionnel. Les images proviennent alors de photothèques, c'est à dire d'un site hébergeur, avec qui les photographes ou les graphistes professionnels ont conclu un contrat. Ce contrat est établi entre le photographe/graphiste et la banque d’images d’une part (contrat de cession ou de gestion de droits d’auteurs) et d’autre part entre la banque d’images et le client qui acquiert l’image (contrat d’utilisation). Une banque d'image n'est donc pas une agence de photographes, c’est un espace de vente d’illustrations à disposition des professionnels voulant acheter des images et les utiliser en toute légalité.
    Il existe par ailleurs deux grands types de licences, les licences libres de droit et les licences de droit géré :  Pour ces dernières, le prix et les restrictions de l’utilisation de l’image sont fixés au cas par cas selon le besoin du client ( par exemple, pour la couverture d’un magazine diffusé à échelle nationale à 125 000 exemplaires). Les licences libres de droits sont des licences où l'auteur cède tout ou partie des droits que lui confère le droit d'auteur, et permettent les possibilités de modification, de rediffusion et de réutilisation de l'œuvre.
    Cependant les banques d'images, avec le développement des licences libres de droits et libre de diffusion, offrent d'autres fonctions que commerciales. En effet, la législation avec le développement des licences libres de droits et libre de diffusion, et avec l'exception de la reproduction, de la diffusion et de l'utilisation des images à des fins  pédagogiques, permettent aux enseignants par exemple, de créer ou d'utiliser des banques d'images afin d'illustrer le contenu de leurs cours. De nombreuses institutions publiques ont donc créé des photothèques de documentation pédagogique numérique et permettent ainsi l'exploitation pédagogique de leurs œuvres.
    On assiste ainsi, grâce à la dimension éducative, culturelle et l'exception juridique pédagogique, à une augmentation des bases de données dédiées à l'image, ainsi qu'à l'apparition de banques d'images, de sites Internet, véritables bibliothèques iconographiques qui bouleversent les fonctions commerciales des banques d'images. Des centres de ressources documentaires comme les bibliothèques, les centres de documentation et les musées, se sont ainsi lancés dans de vastes chantiers de numérisation de leurs fonds  patrimonial, libre de droit, où figurent un grand nombre de documents iconographiques. Grâce au réseau Internet, à la consultation à distance, des bibliothèques numériques iconographiques se sont constituées à l'échelle locale, nationale ou internationale et sont proposées en consultation sur le site internet de l'institution. On peut citer BIPS France, une banque d’images pédagogiques proposée par le réseau CNDP ou Imagine, une banque d’images libres de droits et gratuites pour l’éducation, développée par l’académie de Montpellier.


    Ces spécificités d'utilisation demandent alors aux professionnels de construire des accès afin d'identifier et de localiser les banques d'images, pour permettre une meilleure exploitation économique et pédagogique des ressources.
    Ainsi, avec le développement d'Internet, l'image devient numérique, omniprésente, facile à rechercher, à produire, à reproduire et à transmettre. Elle se banalise, et les moteurs de recherche généralistes offrent tous la possibilité de la rechercher. Certains outils de recherche, comme Google ou Yahoo offrent certes cette possibilité, mais les droits liés à l’utilisation de ces dernières (droit de l’information, droit de l’image, droit à l’image...) ne sont généralement pas précisés. C’est pourquoi utiliser des banques d’images offre un double avantage : elles sont gratuites et libres de droit. Car il ne vaut pas confondre démocratisation de l'image et utilisation gratuite des reproductions que l'on trouve sur Internet. L'image comme toute œuvre est soumise au droit d'auteur et aux droits voisins et nul ne peut acquérir et utiliser des images, même provenant d'Internet.
    Pour la communauté des professionnels et des entreprises, les sites internet de banques d'images offrent la possibilité d'acheter des images en licence de droit géré ou libre de droit. La banque d'image Epictura  fournit ainsi aux sociétés de création graphique, agences de conseil en communication et département marketing ou communication d’entreprise, des photos libres de droits prêtes à l’emploi. D'autres comme Fotolia.fr, iStockphoto.fr offrent l'avantage d'être des microstocks, c'est-à-dire des banques d'images en ligne permettant aux photographes de vendre leurs œuvres entre un et trois euros. Cependant ces sites ne sont pas protégés contre les fraudes à la législation, et ne sont pas gérés par des documentalistes, ce sont des sites marchands. Aucun portail, annuaire ou répertoire ne sélectionne les banques d'images commerciales.
    Par contre les banques d'images éducatives et culturelles sont répertoriées, analysées et classées par des catégories de recherche. L'accès se fait généralement à l'aide d'annuaires, de répertoires de signets et autres répertoires bibliographiques spécialisés dont le plus complet est sans doute le répertoire Iconos de la Documentation Française. Les professionnels de l'information et de la documentation ont donc comme mission de sélectionner, gérer et diffuser les sources d'images qui peuvent servir une communauté d'utilisateurs, dans la profusion d'accès aux images que permettent les bases de données spécialisées, les sites  Internet de banques d'images, les outils de recherches comme les moteurs, annuaires et répertoires de signets ou encore les blogs, wiki et réseaux sociaux.
    Ainsi, avec l'augmentation des productions des bases de données, des catalogues collectifs et des répertoires de signets se sont constitués pour identifier et localiser les ressources et ainsi signaler et référencer les banques d'images existantes. Au niveau national, le portail "patrimoine numérique" du Ministère de la culture et de la Communication ou Numès pour le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la rechercher permettent d'inventorier les corpus numérisés ou les projets de numérisation en cours.dans les bibliothèques universitaires, municipales ou régionales. Un répertoire de signets "Bases d'images"de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) permet également d'identifier les banques d'images, les bibliothèques numériques, les répertoires et moteurs de recherche comme Google Image Search pour trouver des images correspondant à des besoins pédagogiques et culturels.
    Le travail de signalement des banques d'images pédagogiques ou des fonds iconographiques numérisés a été accompli sur des sites ministériels de ressources documentaires comme Educnet, le site du Ministère de l'Éducation Nationale en faveur de l'usage des technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement (TICE) ou comme Educassources, qui signale les ressources du Centre national de Documentation Pédagogique. Ces répertoires sont des sélections de sites de banques d'images libres de droit, organisés par grandes thématiques.
    Signalées et référencées, les banques d'images permettent donc d'être valorisées par les professionnels de l'information et de la documentation et mettent en avant leurs usages pédagogiques et culturels. Les images ont un rôle de transmission d'un savoir patrimonial et cognitif au même titre que le langage textuel. Par extension, le rôle de structuration et d'organisation des banques d'images répond aussi à des  besoins d'apprentissage culturel mais aussi professionnel pour agencer de véritables cartes de ressources iconographiques. Se pose alors la question de la difficulté du travail d'indexation, de description analytique d'une image par le professionnel de la documentation iconographique.



    L'utilisation des ressources par les enseignants formateurs, les étudiants ou les chercheurs rend l'identification et la localisation des documents essentielles pour une meilleure utilisation des œuvres iconographique. Internet facilite l'accès aux documents primaires, cependant la difficulté d'organiser l'accès aux documents reste difficile pour les professionnels de l'information et de la documentation. Si les collections numériques et les banques d'images sont souvent organisées de manière arborescente et thématique comme dans les annuaires, les corpus numérisés offrent de plus en plus une méthode de recherche fédérée de type moteur de recherche. La difficulté concerne donc la description du contenu intellectuel des documents, c'est-à-dire l'indexation des œuvres iconographiques, puis leur classement dans un ensemble cohérent pour faciliter la recherche de l'utilisateur.
    En effet dans les sites de banque d'images, l'indexation des documents se fait par mots clés (mer, montagne, animaux...), descripteurs libres ou contrôlés, à l'aide d'une arborescence du type annuaire, ou encore par des nuages de tags ou à l'aide d'un moteur de recherche comme c'est le cas avec Google et Yahoo. Mais quelle que soit la méthode d'indexation utilisée (mots-clés, descripteurs, termes libres ou contrôlés et autres représentations chiffrées ou codifiées), la difficulté reste l'analyse documentaire propre à l'image, qui doit décrire de manière complète les points essentiels repérables par tous. En effet, l'indexeur recherche toujours l’adéquation entre les contenus de l’image, les termes de l’indexation, les mots de l’interrogation et les attentes de l’usager. Bien souvent les sites commerciaux de banques d'images ont une logique d'indexation et de description généraliste et technique (auteur, titre, date, agence, éditeur, support) qui ne permet pas d'affiner les recherches comme par exemple le niveau d'utilisation d'une image. Pour Gérard Regimbeau6 , l'indexation doit se faire en tenant compte des impératifs d’utilisation qui conditionnent, en quantité et en qualité, le choix des termes. Ainsi, il ne s’agira plus de rechercher des mots qui conviendraient pour nommer les contenus d’une image isolée  mais de définir auparavant le cadre d’indexation. Tout l’art sera de ne plus rassembler les termes selon une encombrante exhaustivité, ou plutôt volonté d’exhaustivité, mais de les distinguer et de les sélectionner en fonction d’une pertinence qui demande des réglages préalables : quel destinataire viser ? Quel temps accorder au travail d’indexation ? Quelle originalité relever dans telle image par rapport à une série ?
    Le recours au langage contrôlé par une liste d'autorité ou un thésaurus semble ainsi s'imposer car il permet d'éliminer les termes polysémiques et de restreindre la recherche. L'utilisateur devra donc apprendre la contrainte d'utilisation d'un lexique approprié pour effectuer sa recherche. Les banques d'images ont maintenant développé des systèmes d’indexation qui prennent en compte les sens latents et/ou culturels des images pour répondre aux besoins de leurs clients et anticiper les demandes en matière d’illustration. L'indexation se fait en terme de réactions culturelles et subjectives, regroupée autour de concepts évocateurs ou suggestifs d'images. On pourra alors rechercher quelle image associer, par exemple, en couverture d’un magazine, à un titre sur le stress au travail en interrogeant une liste de termes significatifs. En effet, grâce aux nouvelles technologies de l'Internet de la génération du Web 2.0 (ou 3.0), la recherche documentaire du support iconographique se passe de plus en plus des contraintes lexicales pour décrire des contenus mais utilise une recherche directe par l'image. C'est le cas des sites Internet de banques d'images comme Fotolia ou des moteurs de recherche comme Bing, qui proposent un "Visual Search", une liste de termes connotatifs alors reliés à des groupes d’images. Ainsi on rejoint les thèses d'Henri Hudrisier développées dans L'Iconothèque, qui préconisait "le traitement de l’image par l’image, rejetant toute approche textuelle". Michel Mélot quant à lui, pense que l'indexation de l'image par l'image est un enjeu encore utopique pour les documentalistes et que "la seule solution consiste à indexer non pas l’image, qui glisse entre les mots comme l’eau entre vos doigts, mais les questions qu’on pose à l’image".



    La banque d'images n'est ainsi ni tout à fait une agence de photographes, ni complètement une bibliothèque numérique, pas plus qu'elle ne s'apparente à un site commercial, même si elle emprunte à toutes ces structures certaines caractéristiques afin de se constituer comme stock d'images. Sa spécificité vient de ce qu'elle se définit comme une banque de données libres de droits garantissant la légalité de l'utilisation des images, contrairement aux moteurs de recherche qui proposent une recherche par image mais dont la législation reste floue. La banque d'images se présente donc comme une garantie, ce qui la rend apte à l'élaboration du travail pédagogique, en vue de la transmission des connaissances. La plus-value qu'elle permet serait la capitalisation d'un savoir qui fait partie du patrimoine culturel, ce qui implique de nouvelles missions pour les documentalistes iconographiques, qui vont alors sélectionner, gérer et diffuser des accès aux banques d'images valorisant ainsi le statut de l'image comme vecteur de connaissance. La difficulté essentielle de la description des images reste en effet leur indexation, qui doit garder son langage lexical contrôlé et au plus proche des besoins des utilisateurs, et qui pourrait fonctionner à l'analogie, dans l'utopie d'une recherche de l'image par l'image.

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